Prothésiste oculaire, Madame Miampo Rimlassida Valérie née Sawadogo, le premier burkinabè qui « répare les yeux » depuis 2021. D’abord prothésiste dentaire pendant 34 ans dans le Service de chirurgie dentaire au CHU-Yalgdo Ouédraogo, madame Miampo a bénéficié l’année dernière de deux stages de formation à Bamako et puis à Dakar grâce à l’Alliance Mondiale contre le Cancer.
Etant déjà prothésiste dentaire, «la formation en prothésiste oculaire nous a juste permis de maîtriser l’utilisation des accessoires et des produits », indique-t –elle. Revenue de la formation, c’est « l’Alliance Mondiale contre le Cancer qui nous a dotés en produits et consommables » pour commencer le travail mais à une seule condition. Celle de ne faire que des prothèses pour enfants qui constituent la cible d’intervention de cette ONG. Pour les prothèses d’adultes, « Je n’ai eu à faire qu’une seule fois, et c’était à la demande de l’Etat », au profit d’un homme blessé dans une zone à fort défi sécuritaire.
Elles n’étaient que deux prothésistes dentaires du service public, (l’autre était à l’OST et est admise à la retraite depuis 2021), c’est pourquoi Madame Miampo bien que nouvellement admise à la retraite reste disponible en collaboration avec l’Alliance mondiale contre le cancer pour continuer de mettre son savoir-faire au profit des enfants malades.
Plusieurs témoignages concordent sur la perfection qu’elle met dans son travail au point qu’on n’arrive pas à distinguer un vrai œil d’une prothèse oculaire.
Difficile comme travail ? Oui dans certains cas, répond la femme de kaba/ arbolé. Par exemple pour les enfants, précise t-elle, il faut pouvoir photographier l’œil sans qu’ils ne pleurent. « Mais beaucoup d’enfants dès que leur maman franchit la porte de Yalagdo avec eux, ils pleurent si bien qu’on ne peut plus prendre les bonnes constantes ni les bonnes positions de l’iris. Ainsi il faut reporter. La solution que nous avons trouvée consiste à dire aux maman de prendre la photo à la maison »
« On peut faire mieux »
Retraçant son parcours, elle estime que l’on peut encore faire mieux pour davantage faire connaitre le travail des prothésistes et surtout les équiper au sein des structures de santé. C’est après la terminale en 1984 au cours normal de jeunes filles de Ouagadougou que Madame Mimapo et une autre fille, admises au concours de prothésiste dentaire, ont été envoyées se former à Dakar en son temps.
De retour au pays en 1987 et affectée à Yalgado, elle se rappelle que les moyens étaient très limités pour faire le travail. Puisque « c’était avec le reste du matériel laissé par les coopérants blancs que nous essayions de fonctionner », se souvient-elle. Elle traduit sa reconnaissance aux différents directeurs généraux qui ont bien voulu équiper le laboratoire de prothèse. Elle soutient que l’activité peut être rentable dans la mesure où en moyenne, elle réalisait 15 prothèses par mois.
Outre la rentabilité pour le service public, c’est le plaisir de « redonner goût à la vie » à certains usagers qui lui procure la plus grande satisfaction. Et les anecdotes ne manquent pas. Un vieux, nous raconte-t-elle, était chargé de la lecture du saint coran dans une mosquée. Mais ayant perdu ses dents, sa diction rendait incompréhensibles les versets qu’il lisait. Il fut déchargé de la lecture, une vraie peine…. De fil en aiguille, le vieux fut aiguillonné à Yalgado chez Miampo qui lui a fait un dentier. De retour au village et après une semaine d’adaptation, il demanda une fois à lire le coran. A la fin de séance de lecture vers minuit, tout le monde était satisfait du vieux. Ce dernier tellement content appelle aussitôt la prothésiste et l’inonde d’une pluie de bénédictions de lui avoir permis d’être accepté parmi les siens.
Le travail de dame Miampo fait la fierté du chef du département d’odonto-stomatolgie, le Prof Konsem Tarcissus qui l’encourage dans sa noble mission.
A noter que les prothèses dentaires se font dans les cas suivants : édentations naturelles ou traumatiques, les extractions ou pour raisons esthétiques et fonctionnelles.