Les dysfonctionnements érectiles constituent de plus en plus des motifs de consultations. Appelés communément impuissance sexuelle, les dysfonctionnements érectiles sont rarement évoqués publiquement. Même face à un médecin, certains adoptent une attitude de feinte et d’esquive, hésitant à répondre franchement aux questions du consultant. Rarement, «il est vrai, un malade viendra vous dire tout de go qu’il a ce problème », avoue le Dr Brahima Kirakoya du service d’Urologie du CHU Yalagdo Ouédraogo. Dans un tel cas de figure, le spécialiste, par expérience, sait « guider le sujet de sorte à l’ amener à évoquer le vrai motif de sa consultation »
Simplement dit, les dysfonctionnements érectiles sont définis comme « l’ensemble des troubles de l’érection entraînant une incapacité à tenir une érection suffisante lors des rapports sexuels. C’est-à-dire que l’individu n’a pas la capacité de pénétrer sa partenaire à temps voulu », lève le rideau le Dr Kirakoya. Cette définition recouvre également les pannes sexuelles, les éjaculations précoces, l’absence de désir.
Il existe deux sortes de dysfonctionnements sexuels : organique et fonctionnel.
Les moins fréquents, ce sont les dysfonctionnements organiques; ils sont dus à plusieurs causes dont l’insuffisance artérielle. Pour qu’il y ait érection, explique le spécialiste, « il faut qu’il y ait une turgescence des cordes érectiles grâce à un afflux de sang. S’il y a cette impossibilité il n’y aura pas d’érection. De plus, le sang qui arrive au niveau des cordes érectiles doit s’y bloquer, autrement s’il y a reflux, les cordes érectiles vont rester à l’état flaccide, donc il y aura un dysfonctionnement érectile »
Le dysfonctionnement peut être lié à un problème endocrinien, c’est-à-dire à une défaillance de « l’hypophyse qui contrôle l’érection ». Tout comme le dysfonctionnement peut résulter d’une défaillance des testicules par une « production insuffisante de testostérone »
Il est établi que les dysfonctionnements érectiles sont fréquents chez les sujets drépanocytaires. À leur niveau, les troubles peuvent être source de priapisme avec des conséquences parfois dramatiques. Le priapisme, c’est l’érection douloureuse et prolongée qui, si elle n’est pas prise en charge rapidement, entraîne une altération des cordes érectiles.
Les traumatismes du bassin ou du rachisme peuvent également engendrer des dysfonctionnements érectiles. Dans le premier cas, le problème est consécutif à une légion au niveau des nerfs qui conduisent l’influx nerveux vers les cordes érectiles. Dans le second cas, il s’agit notamment des sujets paraplégiques. Même si « ces derniers peuvent avoir par moments de l’érection, celle-ci est involontaire et ne permet pas de faire des rapports », précise l’urologue.
Le deuxième type des dysfonctionnements dits fonctionnels sont les plus fréquents. Pourquoi ? L’érection en effet « demande la coordination de plusieurs facteurs parmi lesquels les facteurs psychogènes tiennent une place importante. Pour qu’il y ait érection, le sujet a besoin de se sentir en état de bien-être, c’est pourquoi la fatigue empêche d’avoir une bonne érection. » Le traitement dans ce cas peut être fait par un psychologue sur demande d’un urologue.
Il est reconnu que l’alcool vient en tête des causes de cette catégorie de dysfonctionnements érectiles, hormis le cas des drépanocytaires évoqués plus haut. Les « dégâts » peuvent être plus importants surtout si le sujet associe l’alcool à la cigarette. « Ces deux forment un couple infernal qui va diminuer les performances sexuelles de l’individu », prévient le spécialiste.
On note que certains médicaments utilisés dans le traitement des pathologies cardiaques, du diabète ou du cancer de la prostate entraînent des dysfonctionnements érectiles.
Beaucoup en souffrent mais préfèrent garder un silence rongeur, au lieu de consulter un spécialiste. Certains recourent à des médicaments de la rue ou à des produits traditionnels à molécules inconnues. Conséquence : « tu reçois en urgence un malade victime d’une érection douloureuse et prolongée, tu t’évertues pour le soulager, mais il ne te dira jamais la nature du produit qu’il a pris. La gêne entoure toujours ces questions-là », témoigne le Dr Kirakoya.
Selon les chiffres, les sujets jeunes de plus en plus consultent pour les troubles érectiles. Généralement, « quand on fait le bilan, il ressort qu’ils ont des problèmes psychologiques ou sociaux qui se répercutent sur leur sexualité. Dans ce cas, le sujet est remis en confiance, le problème est franchement abordé et on traite si possible »
À l’inverses de ceux qui souffrent des troubles érectiles, il y a d’autres qui sont sexuellement « prolixes » au point s’y adonner tous les jours. Ces derniers encourent-ils des risques? La réponse du médecin est claire: «Il n’ y a aucun risque, si la personne peut supporter et que sa partenaire le peut également. Le seul risque ce serait d’avoir plusieurs partenaires en ne se protégeant pas. »
Les rapports précoces peuvent-ils jouer négativement à long terme sur les performances sexuelles d’un homme ? « Absolument pas, il n’y a aucune relation de cause à effet », rassure-t-il.
Qu’en est-il de la masturbation qui diminuerait les performances sexuelles ? Cela n’est pas également fondé, « seulement à long terme, la personne peut perdre le caractère naturel des rapports et finira par perdre le désir avec une partenaire »
Tout homme est appelé à connaître des problèmes de dysfonctionnements érectiles au fur et à mesure qu’il avance en âge. « A partir de 60 ans, les cordes érectiles sont fatiguées, physiquement l’organisme ne tient plus, la libido commence à décroître », prévient-il. Mais il rassure sur les possibilités de traitements des troubles de l’érection, surtout ceux qui sont d’origine organique.
Le médecin lance un appel à consulter en cas de besoin dans la mesure où très souvent les causes des dysfonctionnements érectiles n’ont pas un rapport direct avec le sexe.
Première publication: le 22 août 2008