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mardi 15 octobre 2024
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Réouverture des services de chirurgie de Yalgado: « 160 millions de FCA moblisés…. », rassure le DG, Constant Dahourou

Les services de chirurgie viscérale du CHU-Yalgado Ouédraogo sont fermés depuis quelques semaines. Le personnel des urgences médicales menace aussi de fermer. Qu’est-ce qui justifie des situations pareilles ? Quelles solutions pour sauver cet hôpital de référence au Burkina Faso ? Nous avons rencontré, le mercredi 25 avril 2018, le nouveau directeur général de l’hôpital, Constant Dahourou, juriste, administrateur des hôpitaux, titulaire d’un MBA en administration sanitaire de l’Université médicale de Taipei et doctorant en sciences de gestion (financement de la recherche scientifique en santé) à l’Université Ouaga II.

S : Quel est l’état de santé du CHU Yalgado-Ouédraogo dont vous avez pris récemment les commandes ?

Constant Dahourou (C.D) : L’état de santé du CHU-YO ressemble à celui de bien d’autres hôpitaux publics en Afrique qui datent d’une certaine époque. Les problèmes sont généralement d’ordre stratégique et structurel. Par exemple, il s’agit de voir comment concevoir et mettre en œuvre les stratégies de développement de l’hôpital, avoir de nouvelles sources de financement et parvenir à l’équilibre des comptes, repositionner l’hôpital pour qu’il puisse tenir et jouer pleinement son rôle dans l’offre de soins et de formation. En outre, il s’agit de voir comment s’organiser pour plus de visibilité de la recherche scientifique en santé dans notre hôpital pour  une maîtrise de la production et de la productivité du personnel dans un contexte parfois de vétusté des locaux et des infrastructures. Malgré ces contraintes qui viennent d’être énumérées, il y a de l’espoir, car nous planifions de mener beaucoup de travaux de remise à niveau des infrastructures à l’image de ce qui a été fait comme réfections au département de gynéco obstétrique.

Madame la secrétaire générale du ministère de la santé, en compagnie du DG du CHU-YO, ont touché du doigt les réalités des urgences viscérales

S : Le CHU a des problèmes de plateaux techniques au point qu’un service comme les urgences viscérales est fermé. Qu’est-ce qui est fait ou sera fait pour reouvrir ce service?

C.D : Il y’a effectivement des problèmes qui ont amené les acteurs de la chirurgie viscérale à suspendre leurs prestations en attendant de meilleures mesures. En résumé, ce service a un problème de vétusté des infrastructures des équipements et autres dispositifs depuis un certain temps.  A mon arrivée en novembre 2017, ce service m’a saisi à deux reprises pour des solutions avec un délai assez bref pour résoudre les problèmes posés. Mais, entre ces deux interpellations, j’ai entrepris plusieurs démarches pour non seulement résoudre le problème de matériel de travail, mais aussi la réfection des infrastructures. Ces mesures ont consisté en des rencontres d’échanges techniques avec tous les responsables de la chirurgie ainsi que des rencontres avec le directeur technique et le président de la commission médicale du CHU-YO, la désignation de deux médecins de la chirurgie pour suivre le dossier d’acquisition avec mes services techniques, l’accord du Projet reconstruction et équipement du CHU-YO (PREQ-CHUYO) pour financer l’acquisition du matériel demandé en urgence, la programmation de travaux de réfections au niveau des services de chirurgie. A ce propos, il faut préciser que ces travaux doivent commencer la semaine prochaine sauf cas de force majeure. Outre ces actions, nous avons touché quelques mécènes aux fins de trouver de bonnes volontés pour aider à restructurer les services de chirurgie et à cet effet, le Larlé Naaba a promis de réhabiliter un bloc opératoire sur les quatre qui sont en arrêt technique, le Groupe Hage et d’autres bonnes volontés se sont annoncés.
Tout cela n’est que des solutions à court terme pour lever des urgences managériales et techniques. La vraie solution, c’est celle du PREQ-CHUYO qui est très avancé sur le grand projet de rénovation du CHU-YO qui consiste à renforcer et mettre aux normes les bâtiments, les dispositifs techniques et médicaux ainsi que le matériel et les équipements hospitaliers du CHU-YO.

S : Aux urgences traumatologiques, les couloirs sont bondés avec des blessés à terre. Il se pose là-bas aussi des problèmes de prise en charge des usagers. Est-il vrai que ce service menace-t-il de fermer si rien n’est fait?

C.D : La question ne se pose pas en terme de menace, mais de constat de continuer les soins, car il y a aussi un problème de matériel à ce niveau et à l’image de la chirurgie viscérale, nous avons dialogué avec le service et il est tout à fait au courant des efforts faits par l’administration du CHU, car il y a un chirurgien qui suit avec nous la résolution des problèmes à ce niveau. Nous avons commandé du matériel grâce à un financement de l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS) et le matériel sera livré très bientôt au CHU. En plus, le PDG de la compagnie de transport  TSR  a fait  commander pour le CHU-YO du matériel notamment des boîtes de chirurgies qui sont actuellement en douane.

 

S : Au niveau des services des laboratoires et de radiologie-scanner, il y a régulièrement des pannes, si fait que les usagers sont obligés d’aller en ville pour leurs examens. Qu’est-ce qui est prévu pour que de tels désagréments ne soient plus fréquents ?

C.D : Le problème de l’imagerie médicale est lié aux difficultés  financières du CHU de prendre en charge l’entretien du scanner. C’est un scanner très puissant de 64 barrettes et dont la maintenance nécessite un contrat  d’assistance permanent (avec une liaison Vsat) avec affectation spéciale d’un agent du fabricant ou du prestataire sur le site. Le montant n’est pas supportable par le budget du CHU. Ce qui nous amène, pour le moment, à faire des réparations au cas par cas.  La solution, c’est l’acquisition d’au moins un scanner de moindre capacité pour pouvoir travailler de manière alternative sur les deux appareils selon le niveau de l’examen ou selon les périodes d’arrêt pour maintenance de l’un ou de l’autre scanner. L’autre solution, c’est de disposer de suffisamment de moyens pour conclure un contrat de maintenance du scanner et ces discussions sont en cours avec la hiérarchie. Par ailleurs, dans le cadre du fonctionnement normal du CHU, nous réalisons la maintenance des autres appareils d’imagerie.

S : Quelles sont alors vos ambitions pour cet hôpital?

C.D : Nos ambitions découlent de notre vision transformatrice du CHU-YO afin qu’il devienne et reste le meilleur CHU dans le domaine de la prise en charge des patients, de la formation et de la recherche scientifique en santé. Nous voulons donc transformer l’image du CHU-YO. Car, nous avons cette ferme conviction qu’avec l’Etat et les autres parties prenantes du CHU-YO, un autre CHU Yalgado-Ouédraogo est possible. Nous voulons redonner espoir au personnel et aux usagers par la normalisation des équipements, des infrastructures et des programmes de travail en combinant la trilogie « soins-enseignement-recherche scientifique » au bénéfice du patient, inciter les acteurs du CHU à monter des projets de renforcement des capacités techniques et humaines et aussi des projets de recherches scientifiques institutionnellement logés au CHU, dialoguer permanence avec les partenaires sociaux pour que nous puissions relever ensemble les défis de la transformation qualitative et concertée de notre hôpital, planifier la transformation du CHU-YO en tenant  compte des actions à court, moyen et long terme et en cherchant à relever les sept défis principaux que sont le défi humain, le défi de l’offre de soins, le défi  de l’information hospitalière, financier, de gouvernance des différents départements et du CHU dans son ensemble, logistique (infrastructures de l’équipement et de la maintenance), de l’enseignement et de la recherche scientifique (rôle et place et implications techniques et financières de la vie universitaire du CHU…)

S : Le budget de l’hôpital pourra-t-il supporter tout ce que vous venez d’énumérer?

C.D : Evidemment que le budget du CHU dans sa contexture actuelle ne peut pas entièrement  supporter la vie du CHU-YO. C’est un hôpital universitaire de plus de 700 lits, plus de 1400 agents tous grades, catégories ou fonctions confondus avec un flux de plus de 3000 étudiants et élèves par an. Le CHU compte une cinquantaine de services qui abritent des spécialisations pointues qui coûtent très cher à tout point de vue. Les équipements d’imageries de laboratoires et autres unités d’explorations fonctionnelles ou d’aide aux diagnostics utilisent beaucoup de consommables médicaux spécifiques ou généraux. La complexité de la gestion de tout cela combinée avec la spécificité de notre domaine d’activité rapportée au mode ou mécanisme de financement du CHU principalement par la subvention de l’Etat et les recettes propres conduit toujours à des situations comme l’endettement continu de la structure, la difficulté pour l’administration à satisfaire certains besoins essentiels des services et  l’indisponibilité par moments de certaines prestations, l’insuffisance de mesures spéciales de motivation du personnel.

S : Justement, quelles solutions entrevoyez-vous ?

C.D : Je crois qu’ensemble et dans une synergie d’actions, de nombreux défis peuvent être relevés. Ainsi, il est impératif qu’en plus des aides de l’Etat, que nous recherchions des financements additionnels, à travers les mécénats, soumissions de projets de développement du CHU et de projets de recherches scientifiques…Nous devons continuer le plaidoyer auprès des autorités pour une nécessité d’allouer plus de subventions au CHU-YO sur la base d’éléments probants tirés de la vision que le CHU-YO a de son développement. Nous devons améliorer le mode de recouvrement des recettes propres pour augmenter dans  les limites acceptables notre taux d’autofinancement. Nécessairement, il faut l’engagement de tout le personnel et des autres parties prenantes à la vie du CHU-YO pour que le travail soit réorganisé et que notre image dans la population soit meilleure. Nous comptons sur le soutien habituel de nos ministères de tutelle, le soutien du personnel du CHU et surtout le soutien de la commission médicale et des syndicats pour réussir à transformer le CHU Yalgado-Ouédraogo.

S : Un message à l’endroit des travailleurs de votre hôpital et aux populations ?

C.D : Mon principal message est de demander au personnel de nous accorder sa confiance et de nous accompagner dans le plan de relance et de transformation du CHU-YO qui est en cours de finalisation. Si comme je viens de l’évoquer,  nous travaillons à faire fonctionner de manière optimale la structure, il n’y a pas de raison que l’on ne puisse pas instaurer un système multiforme et original de motivation et d’encouragement du personnel. L’autre message, c’est de rassurer le personnel que le gouvernement à travers  le PREQ-CHU-YO est très décidé à donner une autre image au CHU-YO à travers une reconstruction et un équipement. Les plans architecturaux sont prêts et ont été finalisés dans l’ensemble avec tous les services. A court terme, des réfections que nous avons entamées au service de gynéco-obstétrique vont continuer et c’est au tour de la chirurgie viscérale de bénéficier de ces mêmes travaux dans l’attente imminente de son matériel.
A l’endroit des populations, qu’elles continuent à nous faire confiance et de nous aider par quelques contributions que ce soit (conseils, critiques…), car le gouvernement travaille aujourd’hui à mettre à leur disposition un autre type de CHU-YO. Avec le soutien du gouvernement et des personnes de bonne volonté, ce sont aujourd’hui plus de         160 000 000F CFA qui ont été mobilisés pour l’acquisition des équipements et des travaux en urgence pour la chirurgie viscérale, la traumatologie, et bien d’autres unités. Ainsi, pour les urgences  viscérales nous comptons y mettre une centaine de millions et au niveau des urgences traumatologiques il est prévu une soixantaine de millions. Au cours de la semaine à venir, les travaux de réfection commenceront en viscérales pour que les nouveaux équipements qui arrivent soient installés dans un cadre de travail  meilleur. Tout cela, pour dire que nous travaillons tous les jours à promouvoir la qualité des prestations au profit des usagers et nous sommes disposés à recevoir tout appui qui peut constituer un pas de plus pour ce grand hôpital.

Entretien réalisé par Gaspard BAYALA




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