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jeudi 7 novembre 2024
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Gestion du Covid19 : l’Assemblé nationale veut voir clair dedans et interpeller

Une mission d’information de l’Assemblée nationale sur la gestion technique du Covid19 a effectué le jeudi 14 mai 2020, entre 14 et 16H, une visite de travail avec les acteurs du centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO).

 

Conduite par le vice-président du Parlement, Stanislas Sankara, la délégation composée de tous les groupes parlementaires, a tenu à adresser ses vives félicitations et sa gratitude au personnel du CHU-YO pour le travail abattu en cette période difficile.  Au-delà du sacerdoce et des activités de soins, « nous avons constaté une réelle mobilisation et une fibre patriotique chez le personnel soignant, ce qui a permis sans doute d’éviter le pire», constate le second de Bala Sakandé.

L’autre objectif de leur mission, c’est de cerner les différents problèmes que  rencontrent les acteurs du CHU-YO dans la gestion de cette pandémie afin d’interpeler le gouvernement. C’est pourquoi, « nous allons recueillir vos suggestions et recommandations, et  nous allons confronter les différentes opinions pour améliorer le mécanisme de riposte », a campé Maître Sankara.

Le coordonnateur de la zone de tri de patients, le Pr Mamadou Savadogo a fait une présentation, d’où ressortent les actions menées par le CHU-YO et surtout les insuffisances qu’il convient de corriger. Au compte des acquis, on retient : une campagne d’affichage de messages de sensibilisation dans les services, l’érection d’une zone de tri où tous les patients doivent transiter avant éventuellement d’être autorisés à continuer dans les services où ils veulent des prestations. Il y a des rencontres de débriefing sur la maladie dans les services, la formation des agents (environ 400 formés), ainsi que la mise à niveau des  garçons et filles de salle, des hygiénistes sur les mesures de protection individuelles et collectives.

Des difficultés, il y en beaucoup qu’énumère le coordonnateur: l’absence d’appui financier pour la réalisation des activités de lutte contre covid19 ; la démotivation du personnel de la zone de tri, l’insuffisance de matériel de protection (masques FFP2, N95), une vingtaine d’agents atteints par le covid19, l’insuffisance d’équipements et absence de zone d’isolement des cas suspects. Il y a surtout une insuffisance de collaboration entre CHU Tengandogo et CHU YO avec difficultés de transfert des cas suspects vers les centres de prise en charge médicale (Tengandogo). Et enfin le refus de certains malades d’aller au CHU de Tengandogo.

Le service de Bactériologie-virologie du CHU-YO est l’un des sites de diagnostic des tests Covid19. Le Chef dudit service, le Pr Lassana Sangaré, a souligné que sur initiative personnelle, il  etait rentré en   contact avec des partenaires en France, au tout début du Covid19 au Burkina-Faso « pour nous aider avec des réactifs ». Mais le fret étant suspendu et les frontières fermées, les réactifs surgelés ont fait des longs détours par bateau, et le temps qu’on les réceptionne à Ouagadougou, «on ne pouvait plus utiliser ». Ces partenaires « nous ont promu un appareil de test rapide, qui dès réception  nous allons le remettre au CHU Tengandogo », foi du Pr Sangaré. Au niveau des Laboratoires, des efforts ont été faits pour raccourcir le délai de rendu des résultats qui passe de 72 heures à 24heures.

Les députés ont posé des questions sur entre autres points suivants : Le CHU-YO a-t-il reçu des équipements nécessaires pour traiter le mal ? Quelles sont les insuffisances liées au fait de mettre à l’ écart  des structures nationales existantes en matière de gestion des épidémies? Vos agents de santé sont-ils motivés à la hauteur des enjeux ? Quel est le niveau d’implication du CHU-YO dans la gestion du Covid19 ? Est-ce fondée la crainte de rupture de réactifs de VIH/ Sida du fait de Covid19? Des spécialistes du CHU-YO ont-ils été réquisitionnés au niveau du CHU de Tengandogo ?

Le directeur général a indiqué que le CHU-YO n’a pas reçu un quelconque appui financier dans le cadre du Covid19. Il a rappelé que ce sont les forces armées nationales qui ont dressé gracieusement la tente de 300 mètres carrés qui sert de zone de tri, mais tous les équipements qui s’y trouvent ont été acquis sur fonds propres de la structure.

Certes le ministère de la santé, à travers le Corus, a donné quelques  moyens de protection, mais cela reste largement en deçà des besoins, surtout avec un effectif de 1400 agents. Le CHU-YO, a-t-il fait savoir, a élaboré son plan de riposte interne, comportant 105 activités, évalué à 01milliard 725 millions. Mais il n’est pas encore financé. La motivation du personnel réquisitionné est posée. « Les agents  apprennent que leurs collègues des autres structures ont été pris en charge. Ils se demandent pourquoi pas eux. Surtout qu’ils courent les mêmes risques. Il y a des signes de mécontentement et des risques de débrayage. Nous tentons de les calmer pour l’instant… », a souligné le coordonnateur de la Zone de tri. L’OMS et l’ONG Alima ont fait des recommandations suivantes : compartimenter la zone de tri et thermo-flasher tous ceux qui rentrent au CHU-YO. Le CHU-YO pourrait réquisitionner des agents pour thermo-flasher. Mais du moment « où on rencontre des problèmes pour prendre en charge les premiers réquisitionnés, est-ce qu’il faut en rajouter » ? se questionne le coordonnateur.

Il est vrai que le CHU-YO n’est pas réquisitionné comme site de prise en charge à l’instar du CHU Tengandogo,  mais  Yalgado par la force des choses se retrouve à gérer des cas suspects et parfois des cas suspects qui finissent par être confirmés par la suite. Le CHU-YO n’ayant pas de salles d’isolement, les cas suspects qui sont détectés les services cliniques deviennent difficilement gérables. « On le met où ces cas suspects comme on le voit régulièrement pour les femmes enceintes, les enfants, ….en attendant les résultats des relèvements»,  se désole le coordonnateur. À noter que de nombreux agents du CHU-YO ont été réquisitionnés au niveau du CHU Tengandogo.

Le constat a été fait à l’unanimité que l’on ne tire pas assez de leçons de la gestion des d’épidémies passées. De l’ avis du Pr Jean kaboré, le CHU-YO a contribué à gérer la grande épidémie de méningite de 1996, le SRAS, la  grippe aviaire,  Ebola, mais il s’étonne que jusque à présent la structure ne dispose pas d’un bâtiment d’isolement.

Avant de prendre congé des acteurs hospitaliers,  le chef de mission a insisté sur le fait que ce ne sera pas une mission de plus, sans effets. Bien contraire, ils feront le plaidoyer, ils interpelleront qui de droit pour que le maximum puisse être fait pour gérer au mieux la crise du Covid19.

 

 

 

 




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